19/02/2009

« La calomnie est en politique moins gênante que la vérité. »

Le risque infectieux en gynécologie : qui a peur de la vérité ?

Il existe une  flore microbienne génitale considérée comme normale car elle a  pour origine un portage personnel naturel et il existe aussi une flore pathogène d’origine externe responsable d’infections chez les femmes

Attention : sauf  à n’avoir aucune relation sexuelle, étant donné que la transmission entre deux examens se fait  d’un sexe à l’autre par l’intermédiaire des matériels ou dispositifs médicaux , voire des examens manuels,  il  n’est pas possible de distinguer une contamination par voie sexuelle d’une contamination médicale.

C’est pourquoi le LIEN s’est inquiété que soit proposée aux praticiens de l’échographie interne vaginale, sans étude scientifique valable à l’appui, l’alternative d’une  nouvelle procédure de désinfection  des matériels gynécologiques ; certes cette alternative a des avantages, plus facile à appliquer, elle  est moins contraignante qu’une stérilisation ou  que la  désinfection jusque là préconisée, mal ou pas appliquée, ainsi que cela fut affirmé lors de la conférence de presse notre ministre le 21 janvier dernier . Mais le constat des carences de désinfection par les praticiens ne saurait à lui seul justifier d’un changement de procédure sans validation scientifique lorsqu’il s’agit d’enjeux de santé publique et de sécurité des patientes.

Il y aurait sans doute beaucoup à dire au plan sociologique sur le fait que les matériels médicaux en contact avec la muqueuse vaginale, (en particulier spéculums, et sondes d’échographie vaginale) donc féminine, sont traités par nos sociétés savantes majoritairement masculines, comme de matériels en contact avec des muqueuses « fermées » alors que toute femme en âge de procréer, sait, plusieurs jours par mois combien cette muqueuse est ouverte sur l’intérieur de son corps, et en contact avec une effraction vasculaire, vraie porte d’entrée bactérienne.

Le motif  qu’un vagin n’est pas stérile ne saurait justifier une désinfection des dispositifs de faible niveau ; historiquement, avec un raisonnement analogue, de nombreux patients sont décédés des carences de désinfection des fibroscopes il y a 30 ans, car se répandait un discours identique, «  la bouche n’est pas stérile » alors allons-y ! les fibroscopes n’ont pas besoin d’être stériles ! Beaucoup de patients ont payé de leur vie une telle turpitude scientifique ; des liens ont pu être faits entre décès et contamination lors de l’examen (souvent VHC) et aujourd’hui la désinfection des fibroscopes fait l’objet de mesures strictes y compris dans le rangement des matériels.

La demande du LIEN portée au plus haut niveau politique et administratif  est limitée à l’exigence d’études scientifiques validant l’alternative proposée par le haut conseil de la santé publique , qui certes est moins contraignante pour les praticien, mais à propos de laquelle il n’existe aucune certitude d’innocuité.  Le LIEN précise qu’il n’y a jamais eu de malentendu à propos de cette alternative et que la demande d’étude avait été acceptée lors d’une réunion au cabinet ministériel en date du 12 novembre 2008, démarche approuvée à l’unanimité des membres présents notamment des membres du cabinet de la ministre.

La rumeur qui consiste à discréditer les partisans d’une étude publiable et préalable  à toute nouvelle procédure, au motif que ces partisans, médecins, biologistes, praticiens et associations de patients seraient à la solde des entreprises de la désinfection, n’est pas une réponse scientifique, et nous laisse penser comme l’écrivait Charles Péguy dans les Cahiers de la quinzaine  « La calomnie est en politique moins gênante que la vérité. » car pourquoi refuser des études ? In fine, on se demande qui est sous la pression de qui et au nom de quels intérêts de santé publique ?

et quelles que soient les calomnies, son parti pris étant celui de la meilleure procédure évaluée scientifiquement à ce jour,  le LIEN persiste et maintient sa position :

 

Face à l’extension des risques infectieux en gynécologie, face au développement des actes d'échographies endocavitaires, sans contrôle de leur justification, le LIEN demande que soient maintenues le meilleur niveau possible  de désinfection des matériels gynécologiques notamment des spéculums et sondes d’échographies à usage interne par voie vaginale, que les bonnes pratiques soient garanties et contrôlées en médecine de ville comme en médecine hospitalières, et que le risque infectieux soit évalué pour toute nouvelle procédure ou technique proposée, y compris industrielle.

 

La flore microbienne gynécologique, qu’est-ce que c’est ?

Il existe une  flore microbienne génitale considérée comme normale car elle a  pour origine un portage personnel naturel. Font partie de cette flore, les micro oraganismes :

  • Lactobacillus (B. Doderlein)
  • La flore d’origine cutanée : staphylocoques, corynébactéries
  • La flore d’origine  buccopharyngée : streptocoques a, Haemophilus
  • La flore d’origine digestive : Streptococcus agalactiae, entérocoques, entérobactéries
  • La flore du fait de l’environnement : Pseudomonas, Acinetobacter
  • Des  mycoplasmes, Gardnerella vaginalis, Mobiluncus ( origine ?)

Les Infections en gynécologie d’origine externe :

Pour ces bactéries, virus et champignons, la contamination peut être  sexuelle ou transmise du fait du non respect des mesures d’hygiène notamment des mains  par les praticiens et personnels mais aussi  du fait de matériels  non stériles  ou non décontaminés correctement  entre deux patients lors d’examens médicaaux.

Attention : sauf  à n’avoir aucune relation sexuelle, Il n’est pas possible de distinguer une contamination par voie sexuelle d’une contamination médicale pour les contaminations dues aux microorganismes suivants :

Bactéries et micro-organismes  pathogènes  en gynécologie (données CCLIN Sud-Ouest 2006) :

  • Neisseria gonorrhoae : asymptomatique dans 70% cas . Cette bactérie est responsable de cervicite purulente + urétrite, ou plus grave : salpingite, septicémie. Son incidence serait en augmentation depuis 1998
  • Chlamydia trachomatis :  De portage fréquent, cette bactérie est responsable de  cervicite mucopurulente, salpingite (30-50% des salpingites), stérilité chez la femme  et aussi de conjonctivite et pneumonie chez le nouveau-né (5% femmes enceintes porteuses ; risque 20-70% contamination néo-natale, si cervicite)
  • Bactérie anaérobies, streptocoques notamment beta hémolytique du groupe A
  • mycoplasmes
  • Trichomonas vaginalis : asymptomatique dans 20% des cas ; 20% des vaginoses; avec une hypothèse de transmission non sexuelle possible (linge)
  • Candida : vulvo-vaginites fréquentes
  • Gardnerella vaginalis responsable d’urétrite

Virus :

  • HBV, HIV, faible pour HCV
  • Papillomavirus (HPV)  localisés sur le périnée, vulve, vagin et col, responsables de condylomes ano-génitaux ; néoplasies intra-épithéliales
  • et l’herpes simplex virus (HSV-2) : infection aiguë ; récurrences ; transmission néo-natale à l’accouchement

En France, on constate actuellement une prévalence importante des affections à papillomavirus, notamment des condylomes génitaux, et l’on parle de véritable épidémie à papillomavirus pouvant induire un cancer du col de l’utérus. 

D’autres cas inquiètent le LIEN, du fait de dossiers de victimes qui lui sont confiés, ce sont les infections graves par le streptocoque béta-hémolytique du groupe A, qui touchent les femmes accouchées ou après une IVG, avec septicémies et parfois chocs vasculaires avec amputation de membres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Selon certains, la demande d’études scientifiques validant la nouvelle procédure de désinfection émanerait de gens à la solde d'entreprises de la désinfection !

Ce très intéressant argument peut être considéré de plusieurs points de vue :

1) Point de vue polémique : Faute d'arguments solides, il faut lancer les premières accusations, pour forcer l'adversaire à se mettre sur la défensive.

2) Point de vue épistémologique : En science, on ne mesure pas la pertinence d'une idée à sa source. Quand bien même l'industrie de la désinfection en serait le demandeur, ces études peuvent être considérées comme parfaitement souhaitables et légitimes.

3) Point de vue psychanalytique : Doit-on voire dans le recours à ce genre d'argument l'aveu inconscient que des considérations financières ont motivé la mise en place de la nouvelle procédure ?

Le 19 février 2009 - 20:05 léger a dit :

merci d'avoir mis ces précisions , pour avoir été technicienne de laboratoire et avoir "techniquer" comme on dit dans notre jargon , les aspects scientifiques sont importants pour défendre la position du LIEN sur le sujet.Moi aussi je me souviens des fibroscopes et des endoscopes....et des hépatites C, d'origine inconnu dans les années 90....sauf que 30 % si mes souvenirs sont bons des personnes infectées avaient eu une endoscopie digestive quelques semaines avant. Alors prévention avant tout , et pas d'économie dans ce domaine ....
claude Léger

Rechercher sur le site

signaler vos accidents

Chacun de nous peut participer à l'amélioration de la sécurité des accidents médicaux.

les etats generaux
Sur votre agenda 2011 : 27 et 28 janvier 2011 3ème édition des Etats Généraux des infections nosocomiales et de la sécurité des patients au Palais des congrès - Paris- Porte Maillot
videos

Pour revivre les grands moments des etats Généraux des Infections nosocomiales

newsletter

Pour rester informé inscrivez-vous:

Après confirmation de votre inscription auprès de Feedblitz.com (en anglais uniquement), vous recevrez directement par mail, chaque article publié sur ce site.

partager

Share |