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Les industries agro alimentaires et le triomphe des bactéries
Suivez le boeuf...ou la volaille
BMR et détresses humaines. Depuis des années le LIEN tire la sonnette d'alarme sur la question des infections nosocomiales à bactéries multirésistantes ou BMR. Sources de désastres humains, de souffrances, de chagrins, de handicaps, d'amputations, de pertes d'emploi,de pertes de vie familiale et perte d'amour, les BMR peuvent aussi nous faire perdre la vie. C'est pourquoi, le LIEN s'est battu pour la création de centres de référence destinés à accueillir des patients victimes d'interventions osseuses graves et complexes.Mais ce sont des structures de prises en charge pour essayer de limiter les dégâts. Mieux vaudrait pouvoir diminuer le nombre de victimes, ce qui passe par diminuer le nombre de BMR.
BMR et coûts majorés de santé. Le cout de l'infection nosocomiale multiplie par 6 à 10 fois le coût normal d'un séjour patient. En France, sur 15 millions d'hospitalisations annuelles, 750.000 cas sont compliqués par une infection nosocomiale, c'est-à-dire une infection contractée dans un établissement de santé, ce qui entraîne le décès de plus de 4.200 personnes. Ces infections entraînent un allongement de la durée d'hospitalisation et un surcoût estimé à 2 milliards d'euros.
Nous pourrions penser que le souci supérieur de l'État, donc de ses dirigeants, est celui de l'état de santé de ses citoyens mais se soucier de l'état de santé ( et non de maladie) d'une population signifie intégrer les facteurs impactant la santé dans toutes les décisions économiques et en premier lieu, dans les décisions publiques et en surveiller leur application. Or, la question de la réduction des bactéries multirésistantes ravageuses s'oppose aux intérêts économiques des agro-revendeurs, contributeurs à la dissémination des antibiotiques par la promotion de l'usage inutile, abusif et contre productif des antibiotiques en élevage porcin, bovin et de volaille. On ne saurait parler en ce cas de médecine vétérinaire tant le problème est bien ailleurs que dans le traitement bien normal des maladies des animaux.
Les médecins ont fait, pour partie, leur mea culpa et ont défini des règles de bonnes pratiques des antibiotiques plus ou moins bien respectées en médecine humaine; nous avons réduit de 20% la consommation d'antibiotiques par une politique d'information et quelques leviers de bon usage; il reste encore un long chemin à faire pour lequel l'assurance maladie pourrait jouer un rôle bien supérieur à celui qu'elle se donne.
Les vétérinaires aussi cherchent des voies acceptables, mais pour une petite partie. Certes, tout le monde désapprouve officiellement l'utilisation des antibiotiques comme facteur de croissance, utilisation interdite sur le papier, cependant dans la pratique, les éleveurs sont incités à les utiliser et ceci est habillé en forme de prévention. cf France 3 émission pièce à, conviction avec Elise Lucet.
La prescription et l'achat d'antibiotiques s'imposent à la vente de produit alimentaire pour élevage, lors de l'achat en coopérative. Les vétérinaires sont aussi les pharmaciens de l'agro alimentaire; leurs revenus reposent essentiellement sur ces ventes et notamment ce que l'on appelle les marges arrière. Cette source de revenus doit-elle prospérer au détriment des patients victimes de bactéries multirésistantes ? Jusqu'où ira-ton ?
Le producteur de viande, le producteur d'antibiotique, le vendeur, l'intermédiaire ont besoin aussi de bénéfices pour continuer. Cette tension nous conduit à l'impasse. Mais les liens entre mode d'alimentation et santé sont toujours longs à établir, alors on continue...à produire des BMR, et toute la gamme d'antibiotique est concernée. On le sait bien, sans l'appui des antibiotiques, l'élevage industriel devrait revoir ses modes de production au m2, et pourquoi pas ? nous sommes certains que les producteurs sont de plus en plus conscients de l'importance à mettre des produits sains sur le marché, conscients aussi de la souffrance animale et ont envie de travailler mieux. Le consommateur pourrait apprendre à consommer autrement, moins mais mieux.
Peut-on soutenir que les BMR développées chez l'animal ne passent pas chez l'homme ? non, car c'est faux. Revoir l'excellente émission sur Arte du mardi 20 avril 2010 qui explique les procédures très contraignantes et onéreuses prises en Allemagne et aux Pays-Bas où sévit dans les élevages porcins, une souche de staphylocoque très résistante, ravageuse et transmissible entre l'animal et l'homme. Le patient porteur de BMR risque d'infecter les autres patients du service et aussi des autres services à travers les équipements partagés (radiologie, bloc opératoire...).
La médecine humaine consomme environ 1000 tonnes d'antibiotiques par an. C'est un exceptionnel marché soutenu par le budget de l'assurance maladie, et un patient infecté par une BMR lui coûte très cher.
La médecine vétérinaire 1300 tonnes, (cf. rapport Afssa) Ventes d'antibiotiques à l'élevage: Aminoglycosides, Céphalosporines Céphalosporines Fluoroquinolone Furanes Macrolides Pénicillines Phénicolés Polypeptides Quinolones Sulfamides Tétracyclines Triméthoprime; en 2008, le volume total s’élève à 1191 tonnes d’antibiotiques. Comme pour les enquêtes précédentes, 4 familles d’antibiotiques (Tétracyclines, Sulfamides, Pénicillines et Macrolides) représentent plus de 80 % du total des ventes d’antibiotiques. La famille des Tétracyclines représente à elle seule environ la moitié des ventes.
Extrait rapport afssa Evolution des ventes d'antibiotiques en médecine vétérinaire depuis 1999.
Sur une période de 10 ans, les ventes d'antibiotiques varient entre 1191 et 1386 tonnes de matière active. En 2008, les quantités vendues ont été les plus basses depuis la mise en place de ce suivi (diminution de 9,6% par rapport à 1999).
Il faut toutefois être très prudent sur l'interprétation de ces données car si l'on prend en compte les variations de la population animale sur cette période, la diminution n'est plus que de 2 %.
Cependant, la diminution relative des quantités d'antibiotiques vendues ne signifie pas que les animaux reçoivent moins d'antibiotiques. C'est en fait le contraire qui est observé. En effet, s'il est constaté une diminution des ventes en tonnage d'antibiotiques relativement anciens, au contraire une très forte augmentation des ventes de molécules relativement récentes comme les fluoroquinolones et les céphalosporines est constatée. Ces molécules ont une activité antibiotique accrue par rapport aux molécules les plus anciennes, c'est-à-dire que les doses sont plus faibles pour obtenir la même efficacité clinique
Les Fluoroquinolones et les Céphalosporines sont considérées comme particulièrement importantes en médecine humaine car elles constituent parfois la seule possibilité de traitement de certaines maladies infectieuses chez l'homme. L'augmentation de leur utilisation en médecine vétérinaire doit donc être analysée avec attention dans les différentes espèces animales.
Dans le rapport faisant le bilan pour l'année 2008, une analyse particulière de la famille des Fluoroquinolones est présentée. Elle met en évidence une augmentation importante des ventes et de l'utilisation liée à l'arrivée de médicaments génériques de Fluoroquinolones sur le marché vétérinaire français. Ce constat doit être pris en compte dans la réflexion globale sur la lutte contre l'antibioresistance.
A noter, que contrairement à ce qui a été répondu à notre représentante en commission de résidus de médicaments dans l'eau, les chats et chiens sont bien loin d'être les premiers consommateurs d'antibiotiques
Porcs 56,70%
Volailles 19,62%
Bovins 15,22%
Lapins 4,46%
Ovins-Caprins 1,48%
Chats-Chiens 1,69%
Chevaux 0,39%
Poissons 0,43%
et pour en savoir plus sur les BMR , lire
Le triomphe des bactéries , La fin des antibiotiques ? Antoine Andremont, Michel Tibon-Cornillot
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Bonjour,
Avez-vous connaissance de coopératives (porc ou autres) qui vendraient des antibiotiques à ses adhérents ?
Des condamnations, à votre connaissance, ont-elles été prononcées par la justice ?
Merci de votre réponse.
Savez-vous que les médecins devraient prescrire un antibiogramme sur chaque patient avant de délivrer un traitement antibiotique pour s'assurer de son efficacité ?
C'est une pratique peu répandue en France... malheureusement.