07/05/2008

Patients, ouvrez-la!

Voici un témoignage de patiente qui montre combien la place des patients est importante dans la lutte contre les infections liées aux soins. Joëlle nous écrit J'ai connu votre association aujourd'hui même sur la 5 l'émission de la santé ... Quoi qu'il en soit, je viens d'avoir un problème sur votre sujet la rigueur de l'hygiène dans le bloc opératoire:

Rentrée aux urgences d'une clinique ce vendredi 25 avril à 11 heures (j'avais pris la douche à la maison avant de partir) je devais subir un curetage le samedi matin afin de stopper mon hémorragie.
J'ai été amenée au bloc à midi sans que l'on m'est faite prendre la douche antiseptique dont vous faites référence. Etonnée je le dis à l'infirmier qui me rentrait au bloc qui surpris se retourne et le dit au chirurgien (je suis allongée sur le brancard, je vois le plafond et j'entends le chirurgien Gynécologue répondre : on s'en fout, elle va pas me faire chier celle-là elle prendra la douche chez elle ce soir, c'est une connasse!

Je me suis mise en colère et toute l'équipe était surprise de mon état de lucidité pensant que l'on m'avait administé un "cachet" . Malgré mes craintes et leur répétant que j'étais sale et qu'ils ne pouvaient pas m'opérer comme çà, l'anesthésiste m'a mise sur la table d'opération et appliqué le masque sur mon visage pour m'endormir. L'opération s'est produite dans ces conditions avec mon corps sale, souillé de sang, avec mon bas de contention jambe droite mis le vendredi matin et avec lequel j'avais marché.
Ma question: Y a t-il quelqu'un dans votre association qui puisse me donner les bons conseils à suivre dans cette affaire."

Il est vrai que les curetages peuvent être considérés, à tord, comme des interventions ne nécessitant pas la mêmes précautions qu'une intervention avec effraction de la peau. C'est une erreur, le risque infectieux existe et peut faire des ravages quant il s'agit de certains streptocoques; la peau est naturelement porteuse de germes qu'il convient d'éliminer le plus possible. Nous avons reçu au LIEN des dossiers de victimes d'infections gravissimes après curetage.

Cette patiente a eu raison et nous espérons que son interpellation dérangera tout le personnel de ce bloc opératoire et de l'unité chirurgicale. Ce qu'elle peut faire ? c'est adresser un courrier au directeur d'établissement sur l'hygiène au bloc et la façon dont elle a été traitée ( insulte, et véritable atteinte à sa dignité) en demandant que sa lettre soit transmise au médecin qui l'aprise en charge, aux infirmières et au responsable d'hygiène de la clinique ( s'il y en a un!), puis adresser copie de sa lettre au directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation de la région dont dépend cette clinique. Et le LIEN va l'aider dans sa démarche afin qu'un rappel des protocoles d'hygiène élémentaires soit fait auprès du directeur d'établissement et du chirurgien. Nous vérifierons aussi quel est leur classement sur les tableaux de bord de la lutte contre les infections nosocomiales et regarderons le résutat de certification de la clinique en cause.

Si tous les patients prenaient conscience de l'importance d'une bonne préparation de leur hygiène corporelle avant toute intervention, étaient informés de la marche à suivre, la respectaient et obligeaient les établissements à la respecter, beaucoup de catastrophes seraient évitées.

Alors chères patientes, et chers patients, apprenez à vous préparer  ( cf ci-dessous Feuille de route pour le bloc opératoire) et si  vous pensez que les pratiques des professionnels vous mettent en danger, n'hésitez pas, ouvrez-la! nous n'avons tous qu'une vie en ce monde.

Le 10 mai 2008 - 13:00 claude rambaud a dit :

Cher Monsieur
merci de ce témoignage, courageux, honnête et interpellant. chaque jour qui passe nous en apprend un peu plus sur les pratiques de quelques professionnels plus ou moins "irresponsables" au sens péjoratif du terme, mais aussi sur le scandale de notre justice, incapable de protéger correctemnt les plus faibles et qui paraît de plus en plus aléatoire notamment du fait des défaillances de l'expertise auxquelles s'ajoutent les aléas du dispositif CRCI, pourtant bon dans son esprit. Gardons-nous cependant de mettre tous les professionnels sans le même "sac" si j'ose dire. Il y a chez les médecins et les infirmières, des gens remarquables qui luttent contre les infections et qui ne cessent d'avoir conscience de l'immense responsabilité que leur statut de soignant leur confère. Prenez-contact s'il vous plait, au 01 69 07 26 26 avec Rodolphe notre délégué ou moi-même, d'abord pour que l'on voit ce qu'il reste possible de faire dans votre dossier et ensuite parce que nous avons besoin, pour faire avancer la prévention, avec votre accord, de signaler votre infection sur le réseau chargé de promouvoir la lutte. Il ne s'agit en aucun cas de dénoncer quiconque comme un dangereux professionnel, même si quelques uns existent, mais d'apporter une pierre de plus à l'édifice de la lutte que nous essayons de promouvoir. très cordialement
Claude Rambaud Présidente

Le 10 mai 2008 - 1:54 Lemaitre a dit :

Bonjour,

Il est bien entendu que ces pratiques sont honteuses et dangereuses.
Nous ne pouvons espérer qu'une chose lorsque de telles pratiques se font :
que cela n'est pas trop bouleversé les soins du patients et que le praticien soit sévèrement noté par tout le corps médical ainsi que la justice !
Il en va de la vie de certains !
Dans un second temps, je suis heureux que "le lien" puisse aider cette patiente à dénoncer cela et faire les démarches afin de signaler de tels comportements.

J'ai découvert l'association après mon accident et une maladie nosocomiale reconnue par des experts de la CRCI mais les juges de la CRCI, des personnes normalement sincères et honnêtes n'ont pas cru leurs propres experts ! Après plus d'un an de démarches et un rapport d'experts de 25 pages très clair, la Commission a rejeté mon dossier.
(Quelques semaines après ce rejet, madame la ministre de la santé donnait le compte des maladies nosocomiales en France. Même avec trois maladies nosocomiales reconnues, je n'en fais pas parti ! )
De la même façon que cette patiente et avec la même amertume, j'ai exposé mon affaire. J'ai demandé conseils pour comprendre mais j'ai du me rendre à l'évidence, nous sommes dans un pays ou il est interdit d'être pauvre, faible, en soins et handicapé. Dans toutes mes démarches auprès de cette commission, ils m'ont laissé croire qu'ils étaient mes plus proches alliés, je me suis même confié totalement à eux par ce que dans le désespoir, nous sommes fragiles et malléables !
Vous faites appel a cette commission en ce moment, vous avez un très bon dossier, TAPEZ AUX PORTES DE TOUS LES AVOCATS POSSIBLES, tout seul, vos espoirs d'obtenir une aide pour retrouver un peu de dignité sont vains ! Bien au contraire, lorsque vous serez passés devant la commission et qu'une semaine après vous recevrez le rejet, SANS RECOURS POSSIBLE, de la CRCI votre moral aura bien du mal à tenir le coup ! Vos alliés vous éjectent soudain et il ne sert absolument à rien d'essayer de les joindre à nouveau, même pour savoir si un recours ailleurs est possible !!! Pourtant la bagarre n'est pas fini, au contraire, elle est de plus en plus difficile et vous êtes de plus en plus faibles et fatigués…
Mes demandes n'étaient pourtant pas celle de quelqu'un qui oserait profiter d'une telle situation.

Un staphylocoque doré, aujourd'hui, tout le monde connaît ce terme, tout le monde connaît au moins une affaire autour de lui, tout le monde connaît le fils de Gérard Depardieu, mais rien a changé !
Après cette nouvelle, il ne me restait plus qu'a espérer chaque nuit que je supporterais l'amputation de mon pied droit, espérer chaque nuit que ma prothèse serait aussi bien faite et de même qualité que celle de ceux qui ont un peu d'argent de côté !
Lorsque vos jambes sont vos principales atouts pour votre travail et pour votre vie, que vous avez 40 ans, les réveils en pleine nuit en sursaut ou en pleure sont terribles ! Et si vous racontez cela, vous allez inspirer la pitié et votre dignité qui n'a déjà plus beaucoup de place dans votre vie de père et d'homme n'en aura plus, alors il faut pleurer en silence !
Vous ne serez même pas comptabilisé parmi les maladies nosocomiales qui peuvent, à force, aider peut être un jour les autres, les suivant…

Je n'ai pas écouté les professeurs à côté de chez moi et de Paris et je suis allé voir Le Médecin qui m'avait dit : tant qu'il y aura une chance, je ne vous parlerais pas de 'amputation à moins que vous ne la réclamiez vous même ! Car c'est ainsi que ça se passe très souvent après 45 opérations sur votre corps en trois ans !
Avec cette homme je viens de refaire une tentative. De mon côté, je pratique tout seul des soins non reconnus en France et j'ai un petit espoir… Des soins qu il aurait fallu essayer bien avant, lorsque sur le plan vasculaire, mon pied était plus solide et moins traumatisé ! une méthode de soins qui a bientôt cent ans et au surplus inventé par un Français !!! ( Peu coûteuse, vous aurez peut être compris pourquoi elle a tant de mal à se mettre en place dans nos pays "riches".
A ce jour, sur les derniers prélèvements, il n'y a plus de staphylocoque doré pour la première fois depuis trois ans et la plaie sur mon pied est "saine".
Mes chances restent petites mais elles existent.
Comment voudriez vous faire avancer la médecine avec des médecins comme celui dont je viens de lire les pratiques ??? Un médecin qui n'écoute pas ses patients et qui même les insultent ???

Je ne sais toujours pas à qui m'adresser pour être aidé afin de retrouvé un travail avec mon pied ou une prothèse. Seul un recours de cette décision de la CRCI pourrait m'apporter l'espoir de faire quelques études et retrouver la vie… Mais à qui s'adresser ???

Quoi qu'il advienne, je reviendrai ici pour laisser mon témoignage pour croire qu'un jour à force d'aveux tel que le miens ce soir, la médecine retrouve ses qualités et sa grandeur et que des personnes comme ce monsieur, qui vont jusqu'à insulter leurs patients qui les font vivre et travailler, soient sévèrement punis. Et que nos vies ne dépendent pas totalement de leur humeur… H.

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