18/01/2010

" Lorsqu'il s'agit de la santé et de la sécurité des français, je le réaffirme avec force : nous n'en ferons jamais trop".

D'un sinistre sanitaire à l'autre, les leçons de l'histoire s'oublient vite et les mêmes ingrédients produisant les mêmes effets, le LIEN s'inquiète. Un excellent rapport de l’Agence européenne de l’environnement «  signaux précoces, leçons tardives » explique comment l’une des plus grandes tragédies contemporaines, la catastrophe de l’amiante,a prospéré après que sa nocivité ait été connue mais niée.

Déni, interdiction tardive, inaction des politiques, instructions gelées, incompétences ou malhonnêtetés des "experts" , lâchetés, recherches de profits, discrédit des lanceurs d'alerte, tous les ingrédients se cumulent. Alors que  la première alerte avait été lancée par une femme médecin de travail en 1896, l’amiante ne sera  finalement interdite qu’un siècle plus tard, en 1997. Elle avait déjà fait des dizaines de milliers de morts en silence.  Des tragédies humaines et familiales prévisibles, irréparables, doublées d’un désastre économique qui coûte une fortune aux contribuables ; et  des années après son interdiction, cette fibre continue à faire des ravages. On nous annonce 100 000 décès pour les 15 prochaines années.Comme dans la plupart des « scandales sanitaires », celui-ci s'inscrit dans la durée.  La plupart des responsables appartiennent déjà à un passé révolu et sont déjà décédés où le seront quand l’affaire sera jugée. C’est souvent  a posteriori que l’on juge les pratiques sanitaires d’une époque.

Dans tous les scandales sanitaires, il y a trois constantes : il faut du temps et de  l’expérience pour prendre la véritable mesure de la catastrophe et il faut malheureusement des victimes reconnues et non congédiables ! Ce fut le cas de l’amiante, du sang contaminé, et de l’hormone de croissance. C'est pourquoi nous craignons le pire sur l'épidémie de papillomavirus malgré ceux qui s'en remettent à la vaccination..

Deux alertes concernant la santé publique ont été taclées fin 2009

La première, concerne la question de l’innocuité des ondes électromagnétique. En matière de risques environnementaux,  nous avons une agence experte,  dite indépendante, l’AFSSET (elle fusionne actuellement  avec l’AFSSA) chargée d’étudier les questions  de risques sanitaires ; elle vient de publier un rapport sur les ondes électromagnétiques et antennes-relais de téléphonie mobile. S’appuyant sur plusieurs études, l'agence a estimé qu'un principe de précaution devait s'appliquer pour réduire les risques et a préconisé quelques mesures de protection des populations exposées aux rayonnements électromagnétiques. Evidemment, de nombreux experts ont travaillé sur le sujet pour l’Afsset qui conclut que "Le niveau de preuve n'est pas suffisant pour retenir en l'état des effets dommageables pour la santé comme définitivement établis" en jugeant toutefois qu'ils "constituent des signaux indéniables". "Il reste des effets sur la santé, sur le corps humain, qui sont tout à fait avérés",a confirmé Martin Guespereau, directeur général de l'Afsset, lors d'une conférence de presse. "Une dizaine d'études expérimentales considérées par l'Afsset comme incontestables" démontrent en effet "des effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires", souligne l'Afsset.

Suite à cet avis, 3 académies de médecine, des sciences et des technologies ont rendu leur propre rapport battant en brèche les conclusions de l'Afsset, pour conclure qu' aucune preuve scientifique convaincante d'un effet biologique particulier des radiofréquences n'est apportée pour des niveaux d'exposition non thermiques, dans les conditions expérimentales testées. Ces académies déplorent que la prise de position de l'Afsset ait "inquiété sans raison l'opinion publique"

Réponse de Martin Guespereau, directeur de l'Afsset, «  les trois Académies estiment qu'il ne faut rien faire. C'est une opinion ».

La seconde alerte taclée  concerne la position du LIEN face à la  proposition de modification des pratiques de désinfection des sondes d’échographie vaginale entre deux patientes en faveur d’une méthode moins exigeante, moins couteuse et plus rapide ; cette proposition de méthode de désinfection  ,  validée par le Haut conseil de la santé publique, n’étant accompagnée d’aucune étude scientifique prouvant l’absence de risques infectieux encourus par les patientes échographiées suite à cette méthode simplifiée, a été contestée par le LIEN revendiquant la mise en œuvre d’une étude pour en prouver le bien fondé. Pour l'académie de médecine, dont l'avis reprend les termes des précédents rapports de leurs collègues du HCSP, l’alerte du LIEN est non fondée et inquiète inutilement l'opinion publique Aucune étude scientifique publiée ne permettant à  ce jour de dire qu'un examen visuel des matériels permet d'éliminer leur contamination tel que le préconise la méthode en question, le LIEN répond  « c’est une opinion ».

Encore une fois, il faudra du temps, de l’expérience et  des « victimes » reconnues pour changer de méthose; on peut attendre longtemps.Quand on ne cherche pas, on ne trouve pas. Aucune enquête épidémmiologique ne cherche à faire le lien entre contaminations par le papillomavirus  et échographie vaginale, et outre le fait que tout  problème lié à l'intime reste en général secret, les victimes qui veulent bien en parler ont du mal à faire reconnaître qu'il existe un lien entre la contamination dont elles sont victimes et l'examen échographique.  Ces victimes, étant incapables de prouver qu’elles n’ont pas été contaminées par voie sexuelle, non seulement ne sont pas reconnues comme victimes d’une infection liée aux soins, mais encore on les revoie à leur responsabilité sexuelle et pire, on leur laisse penser que leur compagnon est coupable d’infidélité, créant ainsi des difficultés de couple.

A toutes ces femmes victimes de contamination sexuelle, papillomavirus, streptocoques ou autre micro-organisme... et qui ont subi dans les mois ou années qui précèdent, un examen d'échographie vaginale, nous disons  de ne pas accuser trop vite leur compagnon, mais de demander à leur radiologue ou gynécologue quelle méthode de désinfection il pratique entre deux patientes échographiées. Pour l'un des conseillers de notre ministre, il serait bien que les patientes posent la question de la désinfection de leurs matériels à leurs praticiens avant tout examen, au risque de se faire mettre dehors. Pas si facile. Mais un jour des contrôles seront faits en médecine de ville par les autorités, comme cela se fait déjà en médecine hospitalière. C'est certain, la question est "quand ?".

Le LIEN  se battra toujours pour que soit maintenue une désinfection des sondes et des spéculums entre deux patientes la plus efficace possible;et ce n’est pas faire du mercantilisme, que de dire aux praticiens, il existe aujourd’hui des produits d’immersion, non ou peu corrosifs et efficaces, faciles à utiliser.

Praticiens, décontaminez vos sondes correctement, elles ne seront jamais trop propres, c’est un devoir envers vos patientes, vous êtes tenus de leur délivrer des soins sûrs.

Lors de ses voeux de nouvel an à la presse, à propos de la grippe A, notre ministre concluait par de très sages propos : " lorsqu'il s'agit de la santé et de la sécurité des français, je le réaffirme avec force : nous n'en ferons jamais trop". (sic)

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